Théâtre à Paris : Le Vicaire

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Astuces

Pièce de Rolf Hochhuth - Théâtre 14 Jean-Marie Serreau, du 8 novembre au 31 décembre 2011

Cette oeuvre, très controversée lors de sa sortie, présente une réflexion sur les connexions entre pouvoir temporel et diplomatie, voire stratégie d’une part, pouvoir spirituel et action humanitaire d’autre part

par 87

L’oeuvre originale, présentée pour la première fois en 1963, se déroule sur huit heures. Le texte mis au point pour la présente version, dure une heure et quarante minutes et concentre l’action sur une dizaine de personnages.

Le texte interroge l’attitude ambiguë du Vatican lors de l’hécatombe des Juifs dans les camps du IIIe Reich.
En effet, bien que sommé ou supplié de toutes parts de prendre officiellement position contre ce déni d’humanité, le Pape se refuse à affronter de face la puissance allemande. Pourtant, de nombreux catholiques, simples particuliers ou évêques, risquent leur liberté ou leur vie et prêchent ainsi d’exemple : après sa défaite devant Stalingrad, il devrait pourtant être possible d’amener le Reich à composer.

Le Vatican espère une solution négociée du conflit tandis que les Alliés se déclarent pour une capitulation sans condition de l’Allemagne : n’est-ce pas livrer l’Europe aux troupes de Staline, laissant les chrétiens de l’Est sans protection ?

L’enjeu est au delà de la vie ou de la mort de millions de personnes, l’expansion ou la persistance du catholicisme en Europe. C’est aussi, si l’on sait lire entre les lignes, la protection de tous ceux qui agissent dans l’ombre pour sauver des vies. De nombreux Juifs sont cachés dans des couvents, de faux certificats de baptême sont délivrés. Mais, alors que le Vatican a payé une forte rançon pour les Juifs de Rome, ceux-ci sont raflés et exterminés : mépris ou avertissement ?…

Le Pape ayant refusé d’intervenir, le génocide s’intensifie, un million de personnes périront encore avant la capitulation finale.

Le texte retenu, passionnant, percutant, s’articule autour de l’action de trois personnages principaux, SS qui tente vainement d’obtenir du Vatican une réaction contre la Shoah, le jeune comte Fintana, prêtre brillant et plein d’avenir au sein de la hiérarchie vaticane, mais prêt à sacrifier sa vie pour témoigner en faveur des victimes, et le cardinal, directeur de la diplomatie, onctueux à souhait, approuvant pleinement toute action officieuse mais se refusant obstinément à toute intervention officielle. Ajoutez à cela la politique de la grande industrie italienne, incarnée par le comte Fontana, père du jeune Fontana.

A tous les niveaux, le discours privé diffère du tout au tout avec les prises de position officielles : chaque degré de la hiérarchie affecte, devant les représentants des niveaux sensés être moins informés, d’ignorer ou de vouloir ignorer la réalité. Qu’en est-il donc au plus haut niveau, puisque le spectateur n’est jamais invité en témoin des interrogations, des cas de conscience qui sont inévitablement le lot des plus grands, une fois la porte refermée sur les entretiens officiels, chaque cercle ayant jusque là présenté deux attitudes diamétralement opposées.

Le texte qui à chaque scène nous fait pénétrer dans un cercle plus proche du pouvoir décisionnaire, nous laisse finalement devant un porte close…

Une mise en scène au cordeau, d’une sobriété exemplaire, met en valeur ce texte d’une extraordinaire richesse.

Fond sombre, costumes sombres, les lumières parfois fixes, d’autres fois mouvantes, découpent les scènes et mettent en valeur les comédiens présents à la scène, tandis que les autres attendent dans l’ombre le moment d’agir. Les déplacements peuvent être naturels lorsque nous sommes dans l’action courante, félins lors des affrontements, mais les personnages se figent en attitudes hiératiques pour souligner les points forts de l’action spirituelle.

Texte et mise en scène sont en outre remarquablement servis par une équipe de comédiens parfaits dans leurs rôles.

Bref, une pièce à voir et à revoir à Paris,

Le vicaire de Rolf Hochhuth

Théatre - Le Vicaire de Rolf Hochhuth

Adaptation et mise en scène : Jean-Paul Tribout
Assistant : Xavier Simonin
Décor et accessoires : Amélie Tribout
Costumes : Aurore Popineau
Lumières : Philippe Lacombe

Avec Claude Aufaure, Mathieu Bisson, Emmanuel Dechartre, Eric Herson-Macarel, Laurent Richard, Xavier Simonin, Jean-Paul Tribout

Infos pratiques

dates : du 8 novembre au 31 décembre 2011
Théâtre 14, Jean-Marie Serreau,
adresse : 20 avenue Marc Sangnier, 75014 Paris
Métro : Porte de Vanves

Renseignements et réservations

au théâtre ou par téléphone au 01 45 45 49 77
contact@theatre14.fr