Défilé AGANOVICH 0.5, Collection Automne - Hiver 2011 - 2012

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Photos de défilés

Découvrez les photos du défilé de la collection automne-hiver Aganovich. Défilé du 1er mars 2011 au Palais de Tokyo.

par Fanny Sylvestre - Admin 400

La cinquième collection d’Aganovich est exclusivement bleue. Lys, cobalt, azur, outremer… il n’est cependant pas possible, dans la palette déployée, de nommer les tons de façon stable et unique, car l’on est systématiquement confronté à un type de phénomène : chaque tissu absorbe de manière différente et singulière le même pigment. Ce que nous dévoile alors les essais chromatiques sur les soies, velours, denims, satins ou sur la maille cette saison, c’est la possibilité de teintes inédites, l’existence dans notre monde d’un endroit secret, au milieu de nulle part, qui doit certainement renfermer encore des bleus inexpérimentés. Dans cet univers de tons non définis de contours, surgissent les multiples pièces d’un puzzle vestimentaire que la composition stylistique de chacun aura la charge d’assembler.

Cette hypothèse d’un ailleurs opère une naissance. Sur le vêtement, le bleu est effectivement le représentant d’un monde de teintes réelles, mais il est continuellement dans l’entre-deux : il est une tonalité spécifique, mais ne sera jamais celle que l’on attendait. En ce sens, le coloriste retransmet une somme réflexive de connaissances, mais dit aussi que tout peut exister au-delà de ce qu’on aperçoit car les échelles varient. Les différents sens que portait le bleu depuis l’Antiquité ont d’ailleurs fait l’objet de bien diverses évolutions : teinte olympienne ou divine, couleur satanique puis virginal, le bleu est le drapeau de la royauté avant d’être celui de la République et celui du travail chez les ouvriers dès le XIXe siècle. Aganovich, dans l’océan de ses bleus cet hiver, postule un système équivalent dont la finalité n’est pas connue d’avance.

La création n’est pas une donnée préalable inscrite dans les choses ni l’expression d’un savoir absolu ni une sorte d’algorithme qui donnerait la formule au monde ; elle est une réflexion qui fait avancer dans la voie d’un progrès ; elle vit tout entière dans un temps où la reprise de connaissances existantes fait la critique du présent. Globalement, on aurait tort de considérer la mode comme un torrent d’images d’une richesse et d’un éclat qui compenseraient la monotonie du réel. C’est un monde méticuleux où tout est réglé à l’avance, ou le moindre détail ne peut échapper, résister ou surprendre. La réponse d’Aganovich à cette problématique est la clôture du narratif au profit du discursif : leurs essais de bleus sur les vêtements sont le moyen le plus sà»r de remettre en cause les dogmes du passé. Si l’ordre chronologique est continu, chez Aganovich, il ne symbolise pas l’identique.

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Photos Patrice Stable